Cet article se penche sur le narcissisme, et plus particulièrement sur le narcissisme chez les femmes et sur la façon dont leurs traits peuvent différer considérablement de ceux de leurs homologues masculins.
Bien que cet article parle spécifiquement des femmes et des hommes, il est important de reconnaître que les personnes qui ne s’identifient ni aux pronoms féminins ni aux pronoms masculins font souvent l’objet d’injures narcissiques. C’est un sujet que nous espérons aborder dans de futurs articles de blog, alors gardez l’œil ouvert.
Les femmes narcissiques passent souvent inaperçues lors du diagnostic. Il est donc essentiel que les praticiens comprennent quelles sont les principales différences.
Qu’est-ce que le trouble de la personnalité narcissique (TPN) ?
Le trouble de la personnalité narcissique (TPN) se situe sur un large spectre de gravité, les personnes qui en sont atteintes n’en ayant souvent pas conscience ou étant dans le déni. Il s’agit d’un trouble prévalent, fortement comorbide avec d’autres troubles et dont les caractéristiques sont très variables. Si la pathologie sous-jacente reste la même, sa présentation se divise en trois sous-types largement acceptés :
- Le narcissique grandiose “manifeste”,
- Le narcissique “caché” vulnérable
- Le narcissique “malin”.
C’est au sein de ces sous-types que l’on peut identifier les différences entre les sexes.
Avant de nous pencher sur cette question, décrivons ce qu’est la TPN.
Comprendre les traits d’une femme narcissique
Il est important de reconnaître la différence essentielle entre une personne atteinte de TPN et les qualités narcissiques qui peuvent être manifestées par n’importe qui (y compris vous !).
Signes d’une femme narcissique
Par exemple, les signes d’une femme narcissique peuvent être qu’elle utilise des tactiques de manipulation pour obtenir ce qu’elle veut. Toutefois, cette “femme narcissique”, comme on pourrait l’appeler, ne le fait qu’occasionnellement et ne présente aucun des autres traits définissant la TPN, de sorte qu’elle ne serait pas diagnostiquée cliniquement.
Le DSM-5 énumère neuf traits narcissiques clés
Pour être diagnostiqué, au moins cinq de ces traits doivent être présents chez l’individu :
- Sentiments exagérés de supériorité et de suffisance
- Fantasmes réguliers sur le pouvoir personnel, l’intelligence, le succès ou l’attractivité
- Une croyance ferme en la spécificité personnelle
- Un fort besoin d’attention, de louanges et d’admiration de la part d’autres personnes
- Comportement d’autorité, tel que le désir d’un traitement spécial
- L’habitude d’utiliser des tactiques de manipulation
- Faible empathie ou désintérêt pour les besoins émotionnels des autres
- Tendance à envier les autres ou à supposer que les autres les envient
- Arrogance et mépris des autres.
Giancarlo DiMaggio, psychiatre et chercheur dans le domaine du traitement du narcissisme, identifie sept domaines, “schémas auto-théoriques inadaptés ; mauvaise réflexion sur soi et intellectualisation ; agence perturbée ; adaptation inadaptée ; mauvaise théorie de l’esprit et empathie”, que les thérapeutes doivent rechercher lorsqu’ils travaillent avec des patients souffrant de TPN.
Cela soulève la question suivante…
Les narcissiques sont-ils nés ou fabriqués ?
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Quelles sont les causes du trouble de la personnalité narcissique ?
Comme pour tous les troubles de la personnalité, il existe une série de facteurs qui contribuent au développement du TPN. Selon nos connaissances actuelles, les traits héréditaires et les expériences vécues dans la petite enfance sont des facteurs clés de son développement.
Examinons maintenant les différences entre les traits narcissiques des hommes et des femmes.
En quoi les femmes narcissiques diffèrent des hommes
Les préjugés sexistes sont une question controversée et largement débattue dans le DSM-5, qui indique actuellement que jusqu’à 75 % des personnes souffrant d’un trouble bipolaire sont des hommes. En raison des différences de socialisation et des attentes liées à la féminité et à la masculinité, les caractéristiques d’une personne souffrant d’un trouble bipolaire peuvent être radicalement différentes selon qu’il s’agit d’une femme ou d’un homme. C’est un aspect qui doit être pris en compte de manière critique dans le diagnostic.
La plupart des stéréotypes de genre sont définis dans deux catégories. La première reflète les “caractéristiques agentiques”, définies comme la domination, l’affirmation de soi, la compétitivité et le besoin d’accomplissement. La seconde correspond aux “caractéristiques communautaires”, définies comme la tendresse, l’altruisme et l’attention portée aux autres. Les caractéristiques agentiques ont été étroitement corrélées à la personnalité narcissique et au stéréotype masculin, tandis que les caractéristiques communautaires sont plus susceptibles d’être typiques des femmes et du stéréotype féminin (Grijalva et al., 2015).
Les hommes souffrant de TPN obtiennent souvent des résultats plus élevés en matière de sens de droit, d’exploitation et de manque d’empathie (Richman et Flaherty, 1990), et sont plus susceptibles d’exprimer un narcissisme “grandiose” manifeste. Au contraire, les femmes souffrant de TPN utilisent des moyens plus indirects et discrets pour atteindre leurs objectifs narcissiques, affichant souvent le sous-type de narcissisme caché “vulnérable” (Morf & Rhodewalt, 2001).
Lorsqu’ils sont mis en colère par une légère provocation, ce que l’on appelle la “rage narcissique”, les comportements manifestés peuvent également mettre en lumière les différences marquées entre les sexes. Alors que les hommes ont tendance à être agressifs et explosifs (malins), les femmes narcissiques retiennent souvent l’attention et retirent leur affection, ce qui est caractéristique du sous-type narcissique “vulnérable”. Ce sous-type peut ne pas être pris en compte par le DSM-5 en raison de l’importance excessive qu’il accorde actuellement aux thèmes grandioses (Green et al., 2023).
Maintenant que nous avons abordé les modes d’expression du trouble bipolaire et reconnu les principales différences entre les sexes, il est évident qu’il faut prendre davantage en considération les sous-types de ce trouble de la personnalité très variable.
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Références :
Caligor, E., Levy, K. N., & Yeomans, F. E. (2015). Le trouble de la personnalité narcissique : Diagnostic and clinical challenges. American Journal of Psychiatry, 172(5), 415-422. https://ajp.psychiatryonline.org/doi/full/10.1176/appi.ajp.2014.14060723
Gescher, D. M., Kahl, K. G., Hillemacher, T., Frieling, H., Kuhn, J., & Frodl, T. (2018). L’épigénétique dans les troubles de la personnalité : perspectives d’aujourd’hui. Frontiers in psychiatry, 9, 579. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2018.00579/full
Green, A., MacLean, R. et Charles, K. (2023). Clinician perception of pathological narcissism in females : a vignette-based study. Frontiers in Psychology, 14, 1090746. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1090746/full
Grijalva E., Newman D. A., Tay L., Donnellan M. B., Harms P. D., Robins R. W., Yan T. (2015). Différences de genre dans le narcissisme : A meta-analytic review. Psychological Bulletin, 141(2), 261-310. https://psycnet.apa.org/record/2014-57446-001
Morf, C. C. et Rhodewalt, F. (2001). Unraveling the paradoxes of narcissism : A dynamic self-regulatory processing model. Psychological inquiry, 12(4), 177-196. https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1207/S15327965PLI1204_1
Richman, J. A. et Flaherty, J. A. (1990). Gender differences in narcissistic styles. New perspectives on narcissism, 73-100.